Bilan du 1er mois

Alors que je savoure mes dernières bouchées de pâté de soja arrivé de France dans mes valises avec une pointe de tristesse, j’en profite pour faire un petit bilan à chaud des premières semaines passées au Cameroun…

Du faux-Nutella en pot de 5kgs, miam!

Du faux-Nutella en pot de 5kgs, miam!

Ce que j’aime : le côté chaleureux, franc et accueillant des yaoundéens, les marchés et leurs joyeux bric-à-bracs, la perfection du climat ni trop chaud ni trop froid, le système de débrouille qui fait que rien n’est impossible, bénéficier des jours fériés chrétiens ET musulmans, les formats familiaux.

Ce que je n’aime pas : l’omniprésence du bruit, l’impossibilité de circuler à vélo, l’absence de cinéma, le manque de possibilités sympas pour courir, les visites nocturnes de Minnie la souris dans la cuisine qui laisse quelques souvenirs fécaux derrière elle.

Ce à quoi il va falloir que je fasse plus d’efforts pour m’habituer : le côté hiérarchique et protocolaire du boulot, mettre 3 fois plus de temps pour cicatriser, avoir les chaussures pleines de terre ou de boue rouge à chaque sortie, les déchets non triés et brulés au coin des rues, que l’on m’appelle « blanche » (ce n’est pas vrai en plus, je suis quarteronne!)

Ce qui me manque : mon vélo (!), mes proches, les produits végétariens, bio & écolos, le train.

Ce qui ne me manque pas : le gris amiénois, la pluie picarde et les lamentations des français!

Lézard bicolore

Lézard bicolore

Week-end à Pouma

Le week-end dernier, nous nous sommes rendus à Pouma chez Mathilde et Yenzo, des amis volontaires avec qui nous avons fait notre stage de préparation au départ. Au-delà du fait que c’était très agréable de les revoir et de passer du temps en leur compagnie, ça a été aussi une occasion de nous rendre à la campagne, « au village » comme on dit ici…

Pouma se situe à mi-chemin entre Yaoundé et Douala (capitale économique du Cameroun), sur l’axe lourd du pays qui se trouve également être la route la plus dangereuse d’Afrique. Vu le trafic, ce n’est pas étonnant. Sur cette route, circulent de nombreux poids lourds transportant des marchandises depuis le port de Douala vers une grande partie du pays ou des pays voisins enclavés comme la Centrafrique, des « grumiers » (camions transportant 3 à 5 arbres issus de l’agroforesterie ou de la déforestation!), des transports de passagers et un nombre non négligeable de voitures particulières.

Yenzo, Mathilde et Raphaël

Yenzo, Mathilde et Raphaël

Après une bonne douche sous des pluies tropicales pour nous rendre au point de départ des bus, nous avons attendu pas moins d’1h30 avant que le bus ne parte, c’est-à-dire qu’il soit archi-plein de monde et de marchandises. Résultat, nous sommes arrivés très tard et complétement épuisés à Pouma. Très gentiment, Mathilde et Yenzo nous attendaient patiemment dans leur château avec Raphaël, un autre volontaire venu pour le week-end d’Edéa. Notre couple d’amis ont pour mission de gérer un hôpital de brousse qui s’adresse aux plus démunis. La tâche est dure, c’est eux qui tirent les Hôpital Poumacordes financières de l’établissement et du personnel. Dans leur logement, l’approvisionnement en eau et en électricité n’est pas garanti, ce que nous avons pu expérimenter pendant notre séjour. D’un autre côté, les paysages offrent des vues à couper le souffle et le cadre sonore dans lequel ils évoluent est très différent du nôtre. La nuit, au lieu du brouhaha des voitures et de la musique des bars, ce sont tous les animaux de la brousse qui offrent un concert… mais c’est un bruit bien plus reposant!

Pendant ce week-end, nous avons eu la chance d’assister à une messe qui célébrait la fin du noviciat de 4 sœurs de la communauté franciscaine du village. Alors que je ne me rends à la messe en France que pour les grands événements comme les mariages, ce fut un grand plaisir de participer à celle-ci: 3h de chants, de danse, de musique, de joie! Puis on passe à table. Pour mon 1er buffet camerounais, on m’explique que tout doit suivre un protocole bien précis : déco super kitsch avec des noeunoeuds partout, des tas de gars qui font aussi bien office d’agents d’accueil que de placeurs aux table, un grand buffet avec le salé et le sucré à disposition en même temps,… Les tables se lèvent une par une pour aller se servir et les gens partent dès qu’ils ont fini de manger. Du coup, c’est plutôt rapide et ça me va, moi qui ne supporte pas de passer du temps à table.

Une petite balade dans la brousse plus tard, nous retrouvons Yaoundé et notre appart’ tout confort. A chacun son volontariat!

Paysage de brousse

Oui, oui, attention aux 3.5 Tonnes!

 

Premiers jours au boulot

Notre vraie première semaine de travail s’est bien passée même si pour ma part il reste pas mal d’inconnues sur les missions. Enfin, ici la notion du temps est bien différente de notre perception européenne et il faut apprendre à attendre. J’ai quand même compris que je vais être un genre de ce que l’on appelerait en France « chargée de projets » avec de gros dossiers à mener, mais en même temps j’ai des fonctions d’assistante du Recteur pour ses recherches entre autres documentaires. En gros, je vais beaucoup travailler sur ordi depuis mon bureau et en réunion, pas franchement un changement radical par rapport à ma vie professionnelle en France! Pour Benoît, c’est plus simple, il prend la suite d’une autre volontaire en tant que chargé de communication de l’institut catholique de Yaoundé (ICY qui fait partie de l’université)

Petit point géographique maintenant. L’ICY, pour lequel nous travaillons tous les deux, se décompose en 2 campus: Nkolbisson (3 facs) et Ekounou (1 fac). Nous logeons à Ekounou, proche du centre-ville: 25 mns à pied ou 250 FCFA (soit 2.5 FF ou 0,37€) en taxi collectif (mais pas beaucoup plus rapide avec les bouchons!). Alors que le pauvre Benoît doit se farcir quasiment 2h de transport/jour pour aller et revenir de son bureau à Nkolbisson, mon poste est sur le campus d’Ekounou, à 5 mns de marche de l’appart’ en prenant son temps. En plus, comme nous avons la piscine en face du logement pour faire du sport, il y a des jours où je ne sors même pas du campus. Mais ce n’est pas le but, on est bien d’accord…

Carte Yaoundé

Les collègues sont dans l’ensemble bien sympas et nous aident dans nos premiers pas pour comprendre le fonctionnement des choses. Les horaires aussi sont plutôt cools: 8h-17h avec une bonne pause au milieu. Je n’ai pas encore bien saisi quand les collègues prenaient leur pause, ni d’ailleurs s’ils en prenaient vraiment une, mais perso je la fais version française.

Ici on se lève tôt pour profiter de la lumière du jour. Comme le Cameroun se situe près de l’équateur, il fait jour à 6h et nuit à 18h… logique!! Du coup, on se couche tôt. De toute façon, on est complètement crevés pour l’instant. La reprise? L’adaptation? Le climat? Le bruit? Bah, ça devrait passer rapidement.

Campus d'Ekounou en septembre

Bonne arrivée!

Le 1er septembre, après un trajet aux multiples transports d’un durée totale de 16h, nous arrivons enfin à destination à Yaoundé. On peut enfin souffler et dire : « Ça y est, on y est enfin ! ». Paul, un des techniciens de maintenance, vient nous chercher à l’aéroport et nous conduit dans notre palace. Dans la voiture, on est tout de suite mis dans l’ambiance : musique à fond et conduite à l’africaine (c’est-à-dire pas de pitié pour les piétons et ignorance totale des panneaux de signalisation routière) ! Les rues sont remplies de petits commerçants informels et les enseignes des magasins arborent des pancartes sans âge dont on peut lire des slogans improbables comme « Laverie être propre c’est élégant », « Café : gastronomie et relaxation », « Ecole de conduite : bien conduire pour être bien conduits », « Vous aimez la qualité, nous aussi »,…

A l’arrivée sur le campus, nous sommes accueillis chaleureusement par 2 autres personnes très sympathiques qui avaient aménagé l’appart et rempli les placards avec un peu de nourriture de base. Vraiment gentil de leur part et très agréable d’avoir quelque chose de frais à se mettre sous la dent sans ressortir si fatigués… Malgré une déco en provenance directe dans années 60 qui devrait s’atténuer avec une touche personnelle, le logement est tellement grand que parfois on a du mal à s’y retrouver : « T’es où ??? » En plus, c’est le grand luxe : eau chaude, clim’, gardien, cuisine équipée, piscine à 50m du logement,… D’ailleurs, je confirme que nous avons une chambre d’amis pour les éventuels visiteurs… (ceci est un message subliminal)

DSCN3304Le lendemain, nous avons notre 1er RDV avec le Recteur sur l’autre campus et serrons des tas de mains. Il faut retenir tous les noms et rôles de chacun, dur dur quand on rencontre les gens par dizaines. Ici, on ne rigole pas avec la hiérarchie et les titres. Alors, pour ne pas m’y perdre et éviter les boulettes, j’utilise un petit carnet où je note le plus important. Nous (re)découvrons que le milieu universitaire dans lequel nous allons évoluer sera un contexte bien particulier, sans doute très éloigné de l’idée que l’on peut se faire du volontariat avant le départ. Mais tant pis, ce sera notre expérience et elle sera certainement aussi intéressante. Par contre, dans ce milieu particulier, il y a des règles à respecter et, malheureusement pour moi, les piercings et tatoos ne sont pas les bienvenus ! Eh bien tant pis aussi, je m’adapterai.

Grâce à l’accompagnement de Paul qui nous emmène d’un bout à l’autre de la ville, notre découverte de Yaoundé se fait en accéléré avec les trucs et astuces pour fDSCN3308aire ses emplettes ou prendre le taxi par exemple. En tout cas, ma première impression du Cameroun est que l’on y retrouve le « bazar organisé africain » que j’avais déjà connu dans d’autres pays du continent. Un peu fatiguant mais on s’habitue… A Yaoundé, le mélange des ethnies colore joyeusement les rues, on trouve toute la palette de couleur de peau noire en quelques mètres… c’est chouette ! En plus, les gens me paraissent tous pour l’instant très sympas et être une femme n’a pas l’air d’être un handicap dans la société. Bonnes nouvelles donc pour les premières prises de contact, à suivre !

Et pour finir, un florilège de quelques paroles de nos différents interlocuteurs :

  • « En ce moment il fait froid »(parce que la température ne dépasse pas 30°c…)
  • « Gardez l’écoute » (en attendant que l’on me passe quelqu’un au tél)
  • « On est ensemble! » (nos nouveaux collègues)
  • « On trouve de la vigne dans tous les supermarchés » (en fait ça signifie le vin ici)
  • « Aller là-bas c’est plus mieux » (marche aussi avec « plus pire »)DSCN3307