Les gens du Nord

Voilà un moment que je n’ai pas écrit de billet sur ce blog. Je m’en excuse auprès de vous mes chers lecteurs mais ces dernières semaines ont été plutôt difficiles. Il y a d’abord eu un enchaînement malheureux de soucis de santé avec notamment 2 palus en moins de 3 semaines et la réalisation d’un de mes pires cauchemars : aller chez le dentiste en urgence dans un pays du sud! En même temps, professionnellement les choses ne s’améliorent pas vraiment et je n’ai pas l’impression que ma vie est suffisamment excitante pour écrire à son sujet…
Heureusement, la semaine dernière, nous avons fait un peu de tourisme! Cette fois-ci, direction le Nord du pays, ou plus précisément Ngaoundéré dans la région de l’Adamaoua.

Carte Cameroun

Ohlala, mais c’est classé orange par le Ministère des affaires étrangères français me direz-vous? Oui, mais ça ne veut pas dire qu’il est interdit d’y aller, juste qu’il faut être plus prudent. Mais nous avions une bonne raison d’y aller! Pierre-Marie et Emmanuelle, deux amis volontaires, effectuent leurs missions là-bas. L’occasion était trop belle d’allier visite amicale et découverte touristique!!

Dans le train

Dans le train

Se rendre à Ngaoundéré constitue une aventure en soi. Il faut en effet prendre le train de nuit sur lequel tout le monde dit tout et son contraire, mais qui n’est surtout pas réputé pour être très ponctuel… Pour voyager, le client a 4 possibilités : assis 2ème classe, assis 1ère classe, couchette cabine 4 places et couchette cabine 2 places. Accompagnés de notre amie Julie, nous avions innocemment imaginé pouvoir voyager tous les 3 ensemble dans une cabine de 4 qui serait complétée par un(e) inconnu(e). Eh bien non!! Hommes et femmes doivent être séparés, même s’ils sont mariés. Très curieux comme règle quand on connaît la légèreté des mœurs dans ce pays (tromper ouvertement sa femme: oui, mais dormir dans le même espace qu’une personne de l’autre sexe: non!). Bref, du coup Benoît et moi avons fini par prendre une cabine 2 places alors que Julie s’est retrouvée dans une cabine spéciale « Dames ». Et là, c’est le grand show (vu le prix en même temps…): hôtesse qui contrôle les billets pour monter à bord, hôtesse qui vient prendre la commande des repas, rouleau de papier toilette et savon individuel (là aussi distribué par une hôtesse), clim, lavabo dans la cabine,…
Et c’est parti pour l’aventure: 17 arrêts et au moins 13h plus tard, on arrive enfin à destination. A l’aller 2h de retard, au retour…5h!! Enfin, ça reste quand même beaucoup plus confortable que le bus.

Mont Ngaoundéré

Mont Ngaoundéré

Ce qui frappe très vite quand on arrive à Ngaoundéré, c’est la « fraîcheur » du climat. On respire enfin!! Et puis aussi, de grands sourires, le calme des gens, le nombre incalculable de mosquées dans la ville, au loin des paysages de savane et de jolies montagnes verdoyantes, l’omniprésence des tenues traditionnelles,… J’adore!!
Pendant notre séjour d’une semaine, nous avons pu découvrir un peu de la culture de cet autre Cameroun bien que l’on ait été obligé de limiter nos sorties pour des raisons de sécurité. Hélas, les grands parcs avec les animaux sauvages ne seront pas pour cette fois…

Chutes du Tello

Chutes du Tello

Au programme toutefois: visite des différents quartiers de la ville, excursion (quand même!) à l’est pour y voir le lac de cratère Mbalang, les chutes du Tello et le village traditionnel d’Idol préservé, beaucoup de repos AU CALME, des joggings sous le regard des petits curieux et surtout du bon temps passé en compagnie de nos amis. Pierre-Marie et Emmanuelle sont tous les deux médecins mais ont des missions très différentes. Emmanuelle exerce son métier dans un dispensaire et Pierre-Marie met ses compétences médicales au service du CODAS pour monter des projets, rechercher des fonds,… Malgré les difficultés, ils restent toujours positifs, quelle agréable compagnie!

Lamida

Lamida (équivalent d’une chefferie pour les musulmans)

Intérieur du lamida

Intérieur du lamida

En tout cas, cette semaine très sympathique nous a enchanté. Quelle claque à la descente du train à Yaoundé en revenant! La ville m’a parue encore plus agressive qu’à l’accoutumé. Non, vraiment je ne suis pas faite pour les grandes villes, quel que soit le pays!!

Doc Emmanuelle au travail

Doc Emmanuelle au travail

Et pour finir… BREAKING NEWS : notre date de retour définitif a été fixée au 1er août!!

Escapade au vert

Bien que mes tâches se diversifient et relèvent un peu plus du concret, je ne peux que me rendre à l’évidence au bout de 6 mois que ma mission ne relève ni du développement, ni de la coopération et que pour couronner le tout je n’en tire pas grand chose professionnellement. Enfin, j’imagine que ce sont des choses qui arrivent et, passé le stade de la frustration, il me faut désormais essayer de tirer profit de cette expérience africaine tant attendue depuis des années… Alors, j’essaye de mettre le paquet sur les activités, les relations humaines et la découverte du pays!

Côté santé, j’ai pu testé pendant le mois de janvier la philosophie de la médecine camerounaise… dont je me serais passée! Très mal en point au niveau digestif, je me suis décidée à consulter l’infirmier de l’UCAC au cas où ce serait grave car ici on ne peut pas se contenter de dire « Ça va passer ». Soupçon de typhoïde, il m’envoie faire une batterie de tests qui révèlent finalement une simple invasion de levures pas super sympas dans le ventre. Et là arrive le traitement! On nous avaient prévenus, ici ils y vont à coup de bazooka. Quelques levures impliquent un traitement de cheval d’anti-fongiques de 2 sortes différentes à des doses très fortes pendant un temps assez long (3 semaines). Si j’avais vraiment voulu, j’aurais même pu assortir ça avec la vitamine C , le paracétamol et le spasfon que l’infirmier me demandait de prendre mais j’ai estimé que ce n’était pas indispensable à ma guérison… Quelques oranges et du riz ont fait l’affaire. Et tant mieux parce que, bien que le traitement ait l’air d’avoir fonctionné, après la prise des médicaments je me sentais généralement encore plus mal qu’à l’accoutumée…

Le site d'Ebogo

Le site d’Ebogo

Bref, côté découverte, la semaine dernière, nous avons enfin trouvé un havre de paix pas très loin de Yaoundé (1h30 de transport et très peu d’attente) en direction du sud, près de la ville de Mbalmayo. Site « écotouristique », Ebogo est avant tout un endroit où seuls les bruits de la nature font loi, ce que personnellement je considère comme du silence… Il n’y a pas grand chose à faire, à part regarder les oiseaux, faire un petit tour de pirogue et apprécier le paysage, mais franchement c’était parfait pour se ressourcer.

Jean-Jacques et sa pirogue

Jean-Jacques et sa pirogue

Nous avons également fait la connaissance de Jean-Jacques, un guide très sympathique qui a bien compris tout l’enjeu de la préservation de l’environnement pour le développement touristique. Et des rencontres comme ça, ça fait non seulement du bien au moral, mais ça insuffle une vague d’espoir pour l’avenir du Cameroun!!

Le gros arbre

Le gros arbre

Bords du Nyong

Bords du Nyong

Nouvelles découvertes

La semaine dernière, nous avons profité d’un déplacement professionnel à Douala pour nous accorder une escapade sur la côte côté anglophone pour le week-end.

Attente en garePour l’occasion, nous avons opté pour le train, un moyen de transport bien moins dangereux et plus confortable que la majorité des tacots qui circulent sur la route entre Yaoundé et Douala. Jeudi, à peine arrivés à la gare, on nous apprend que le train aura 2h30 de retard, ça commence bien! Bon, au moins les gares ferroviaires ont le mérite d’avoir des vraies salles d’attente et d’être entretenues. On finit par partir péniblement au son du grincement des wagons dans un brouhaha indescriptible venant de voyageurs sur-excités. Les transports, quels qu’ils soient, sont toujours une vraie aventure ici…

Douala, nous n’y étions passé qu’une seule fois en transit, et à Yaoundé, on nous l’avait présentée comme la ville de tous les vices et du danger, on ne savait pas trop à quoi s’attendre donc… Capitale économique du pays, à Douala, il y a surtout de l’argent et ça se sent. Les gens se pressent, crient, bousculent, on s’organise, on ne perd pas de temps! Mais il fait chaud, bien plus chaud qu’à Yaoundé. Guillaume, un autre volontaire DCC en fin de mission à l’UCAC-ICAM (Institut Arts et Métiers de l’UCAC), nous accueille gentiment dans cette ville tentaculaire et nous passons une fin de journée agréable en sa compagnie. Finalement, on se rend compte que Douala n’est pas si terrible que ça.

Plage de Limbé

Plage de Limbé

Le lendemain, impératifs professionnels accomplis grâce à un Guillaume qui nous oriente sans faille dans la ville, pas question de traîner pendant 3 jours dans cette jungle urbaine : nous prenons la direction de Limbé sur la côte . Serrée comme une sardine dans le taxi partagé qui nous y emmène, je prends quand même le temps de me délecter des paysages qui changent très vite dès la sortie de Douala en essayant d’oublier qu’une seule de mes fesses repose sur le siège. On voit défiler diverses plantations, puis d’un seul coup on plonge sur Limbé avec ses paysages sauvages et… ses raffineries de pétrole!! Au final, après quelques galères, nous finissons par nous poser dans un hébergement à quelques kilomètres de la ville mais qui a le mérite d’être au calme avec une plage propre.  Quelques jours de répit qui ont encore fait du bien en nous éloignant du quotidien.

Au loin, les montagnes

Au loin, les montagnes

En rentrant à Yaoundé, je me surprends à être presque soulagée de retrouver la nonchalance des gens (comparativement à Douala). Comme quoi tout est relatif…

Vacances j’oublie tout

Tout d’abord, je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2016 pleine de joie et de bonheur!!

Retour sur la fin de l’année 2015… Quand on a l’habitude des pays tempérés, difficile de se rendre compte que la période des fêtes arrive sous les tropiques. A part quelques palmiers lumineux et une anarchie totale dans Yaoundé, il a vraiment fallu regarder le calendrier plusieurs fois avant d’en être convaincus… A l’UCAC, le Noël des enfants qui a précédé de quelques heures notre départ en vacances fut un moment rafraichissant et bien rigolo après quelques semaines moralement un peu compliquées. Ici d’ailleurs, Noël est quasiment exclusivement une fête réservée aux enfants et les adultes ne s’offrent pas de cadeaux. Pourquoi pas…

Après une nuit dans le bus pas très agréable la veille du réveillon, notre périple à l’ouest a pu commencer chez Lucie à Foumban, une autre volontaire DCC avec qui nous avons fait notre stage de préparation au départ l’été dernier.

Paysage de Foumban

Paysage de Foumban

L’ouest dépayse vraiment par ses paysages de savane et la prédominance de la religion musulmane quand on vit comme Julie (à Sangmélima) et nous dans la « forêt ». Et puis en saison sèche, la poussière, la poussière et encore la poussière… Notre séjour de 4 jours à Foumban nous a en tout cas bien plu et nous avons pu nous imprégner de l’endroit grâce à Lucie et ses amis. Islam oblige, Noël n’est pas vraiment célébré et tant mieux pour ceux qui n’apprécient pas vraiment cette fête (comme moi…). Pour autant, nous avons marqué le coup en nous concoctant un petit repas sympa mais très simple. Ce séjour a aussi été l’occasion de découvrir la mission de Lucie qui travaille dans un centre de formation pour agriculteurs, très sympa mais aussi très challenge! Sa chance, c’est qu’au moins le concret ne manque pas à l’appel. Par contre, les conditions sont plus spartiates que ce que l’on connaît. Visiter ses amis c’est aussi l’occasion de se rendre compte des réalités de chacun.

Joyeux Noël!

Joyeux Noël!

Au bout de quelques jours, Pierre-Marie et Emmanuelle, eux aussi volontaires DCC basés à Ngaoundéré dans le Nord, nous rejoignent après un long périple. Comme c’est bon de se retrouver ses camarades de « promotion » une fois sur le terrain! Pendant toutes les vacances, les anecdotes vont bon train sur nos vies camerounaises!!

Chez Lucie

Chez Lucie

Une fois touts les 6, nous sommes descendus vers Dschang, où les paysages nous ont encore offert de belles surprises. Nous y avons même logé dans une chefferie, une vieille tradition de la région de l’ouest qui veut que chaque village ait un chef pour le gouverner. Ce système a résisté à la mise en place des différentes pouvoirs après la décolonisation, du coup les deux systèmes cohabitent et s’approuvent. Assez curieux il faut l’avouer…

Chutes de Mamy Wata

Chutes de Mamy Wata

A Dschang, nous avons malgré nous expérimenté la dure loi d’être un touriste particulier, c’est-à-dire un occidental qui vit au Cameroun, veut visiter mais a peu de moyens. Et là le bas blesse! Comme le tourisme est peu et mal développé dans le pays, une excursion à bas coût peut vite tourner à la galère, voire priver de certaines attractions. Notre constat : tout est encore à faire pour attirer et bien recevoir les touristes, quels que soient leurs moyens. En tout cas, nous avons tout de même pu rejoindre avec peine notre destination finale : Kribi où nous avons fêté la St Sylvestre, profité de la plage, fait de jolies balades, pu nous reposer et savourer le bonheur d’être ensemble dans ces bons moments.

Kribi

Kribi

La mer qu’on voit danser…

En ce temps où les actus françaises sont plutôt moroses, je vous propose une petit carte postale de la station balnéaire la plus populaire du Cameroun : Kribi.

Décor de rêve

Décor de rêve

Pour les 35 ans de Benoît (déjà?), nous nous sommes accordés une escapade sur la côte. Il y a encore 10 ans, Kribi était un petit village tranquille de bord de mer avec des pêcheurs qui partaient en mer dans un décor idyllique. Mais voilà, son emplacement idéal (2h de route de Douala), ses plages de sable blanc, ses cocotiers et la gentillesse des locaux en ont fait LA destination n°1 des expats malades du goudron de la ville. Aujourd’hui, le bord de mer se remplit à vitesse TGV de villas de luxe, de restos et de vendeurs de babioles. Bon, on est loin, très loin même, de l’ambiance Phuket mais on sent bien qu’il faut en profiter maintenant avant que tout ne soit saccagé. Nous avons eu beaucoup de chance donc, déjà pour avoir le privilège de profiter de lieu avant qu’il ne soit complètement perverti par le tourisme de masse, et aussi parce que la saison touristique n’est pas vraiment commencée faute de saison sèche vraiment commencée!

Seule sur le sable, les yeux dans l'eau...

Seule sur le sable, les yeux dans l’eau…

En dehors de ses plages, Kribi est aussi bien connue pour un site touristique quais-unique au monde : les chutes de la Lobé. Il s’agit en fait d’une rivière qui se déverse dans la mer par une cascade, impressionnant!!

Chutes de la Lobé

Chutes de la Lobé

Un week-end donc qui fait du bien, même si les conditions de transport gâchent le plaisir comme à l’accoutumée. Dur dur de sentir à l’aise après une attente interminable en gare routière, à 5 au lieu de 4 par banquette, avec la musique à fond et un chauffeur qui prend des risques inouïs pour doubler sur la route la plus dangereuse du Cameroun. Malheureusement, le sous-développement se mesure aussi à ça… Et vive le train!

Imprévus…etc…

S’immerger dans la culture camerounaise, c’est aussi s’adapter aux imprévus de toutes natures. Par exemple, être convié à une réunion au moment où elle commence, ce que vit Benoît régulièrement. Ou encore vendredi dernier, à la veille du week-end, ma collègue C.A. qui nous a invités à participer à un deuil dans sa famille. Un peu surprise par cette invitation, il ne me faut pas longtemps pour comprendre que C.A. souhaite juste que l’on soit témoins des traditions d’ici. Confiante, je me laisse guidée et nous voilà partis samedi sur les routes de campagne pour nous rendre au village et participer à un enterrement.

Abri servant de présentoir pour le corps du défunt

Abri servant de présentoir pour le corps du défunt

Avec les bouchons, nous arrivons avec du retard au pire moment… quand le corps est enterré. Le public pleure la défunte, les proches hurlent et crient désespérément, ça fend le cœur, et là s’entonnent tout à coup les chants de la chorale venue spécialement pour l’occasion. Des chants magnifiques, comme toujours… On peut photographier, on peut enregistrer, c’est presque encouragé. Ah bon?

Chants funéraires

Buffet de la collation

Buffet de la collation

Nous assistons donc à la fin de la cérémonie puis participons à la collation de rigueur dans tout événement. En tant qu’étrangers, encore une fois on nous fait honneur en nous laissant aller nous servir dans les premiers. Puis, toujours par rapport à un statut qui nous est attribué visiblement en fonction de notre nationalité et/ou de notre couleur de peau, un plateau rempli de victuailles nous est généreusement offert comme cadeau à ramener à la maison.

Notre plateau "cadeau" à gauche composé de bananes plantain frites (en haut), bananes plantains bouillies (au milieu à droite), bâtons de manioc (en bas à gauche) et ignames (en bas à droite)

Notre plateau « cadeau » à gauche composé de bananes plantain frites (en haut), bananes plantains bouillies (au milieu à droite), bâtons de manioc (en bas à gauche) et ignames (en bas à droite)

Pendant que se terminent les derniers rituels, je ne peux m’empêcher de penser que chez nous cette situation serait complétement déplacée. Imaginez des collègues étrangers d’un de vos invités totalement inconnus au bataillon qui débarquent dans votre famille au cours d’un deuil en retard et qui prennent des photos?? Définitivement non! Mais nous avons fait confiance à C.A. et à défaut d’avoir passé un moment joyeux, celui-ci fut enrichissant.

Des enfants du village qui font une pause/pose pendant leur tâche de désherbage

Des enfants du village qui font une pause/pose pendant leur tâche de désherbage

Cet imprévu est tombé à point nommé après une semaine longue et assez difficile moralement parlant. Il faut reconnaître que l’accumulation de micro-événements désagréables rend facilement le quotidien pénible en situation de déracinement quand on sait que l’on est partis pour un moment en statique (contrairement aux voyages itinérants où il est toujours possible de fuir) : soucis de santé, lenteur des procédures, coupures d’eau répétées à l’appart’, départ précipité du Cameroun d’un couple de camarades volontaires (Mathilde et Yenzo, que je vous avais présentés dans un précédent article),… On apprend à mieux connaître ses limites de tolérance et ce dont on a réellement besoin pour surmonter la fatigue intellectuelle. Pour ma part, assurément, le sport me sauve! Cela étant, il est aussi parfois difficile d’écrire à un écran froid d’ordinateur, alors n’hésitez pas à donner des nouvelles, même succinctes 😉 Merci.

Week-end à Pouma

Le week-end dernier, nous nous sommes rendus à Pouma chez Mathilde et Yenzo, des amis volontaires avec qui nous avons fait notre stage de préparation au départ. Au-delà du fait que c’était très agréable de les revoir et de passer du temps en leur compagnie, ça a été aussi une occasion de nous rendre à la campagne, « au village » comme on dit ici…

Pouma se situe à mi-chemin entre Yaoundé et Douala (capitale économique du Cameroun), sur l’axe lourd du pays qui se trouve également être la route la plus dangereuse d’Afrique. Vu le trafic, ce n’est pas étonnant. Sur cette route, circulent de nombreux poids lourds transportant des marchandises depuis le port de Douala vers une grande partie du pays ou des pays voisins enclavés comme la Centrafrique, des « grumiers » (camions transportant 3 à 5 arbres issus de l’agroforesterie ou de la déforestation!), des transports de passagers et un nombre non négligeable de voitures particulières.

Yenzo, Mathilde et Raphaël

Yenzo, Mathilde et Raphaël

Après une bonne douche sous des pluies tropicales pour nous rendre au point de départ des bus, nous avons attendu pas moins d’1h30 avant que le bus ne parte, c’est-à-dire qu’il soit archi-plein de monde et de marchandises. Résultat, nous sommes arrivés très tard et complétement épuisés à Pouma. Très gentiment, Mathilde et Yenzo nous attendaient patiemment dans leur château avec Raphaël, un autre volontaire venu pour le week-end d’Edéa. Notre couple d’amis ont pour mission de gérer un hôpital de brousse qui s’adresse aux plus démunis. La tâche est dure, c’est eux qui tirent les Hôpital Poumacordes financières de l’établissement et du personnel. Dans leur logement, l’approvisionnement en eau et en électricité n’est pas garanti, ce que nous avons pu expérimenter pendant notre séjour. D’un autre côté, les paysages offrent des vues à couper le souffle et le cadre sonore dans lequel ils évoluent est très différent du nôtre. La nuit, au lieu du brouhaha des voitures et de la musique des bars, ce sont tous les animaux de la brousse qui offrent un concert… mais c’est un bruit bien plus reposant!

Pendant ce week-end, nous avons eu la chance d’assister à une messe qui célébrait la fin du noviciat de 4 sœurs de la communauté franciscaine du village. Alors que je ne me rends à la messe en France que pour les grands événements comme les mariages, ce fut un grand plaisir de participer à celle-ci: 3h de chants, de danse, de musique, de joie! Puis on passe à table. Pour mon 1er buffet camerounais, on m’explique que tout doit suivre un protocole bien précis : déco super kitsch avec des noeunoeuds partout, des tas de gars qui font aussi bien office d’agents d’accueil que de placeurs aux table, un grand buffet avec le salé et le sucré à disposition en même temps,… Les tables se lèvent une par une pour aller se servir et les gens partent dès qu’ils ont fini de manger. Du coup, c’est plutôt rapide et ça me va, moi qui ne supporte pas de passer du temps à table.

Une petite balade dans la brousse plus tard, nous retrouvons Yaoundé et notre appart’ tout confort. A chacun son volontariat!

Paysage de brousse

Oui, oui, attention aux 3.5 Tonnes!

 

Bonne arrivée!

Le 1er septembre, après un trajet aux multiples transports d’un durée totale de 16h, nous arrivons enfin à destination à Yaoundé. On peut enfin souffler et dire : « Ça y est, on y est enfin ! ». Paul, un des techniciens de maintenance, vient nous chercher à l’aéroport et nous conduit dans notre palace. Dans la voiture, on est tout de suite mis dans l’ambiance : musique à fond et conduite à l’africaine (c’est-à-dire pas de pitié pour les piétons et ignorance totale des panneaux de signalisation routière) ! Les rues sont remplies de petits commerçants informels et les enseignes des magasins arborent des pancartes sans âge dont on peut lire des slogans improbables comme « Laverie être propre c’est élégant », « Café : gastronomie et relaxation », « Ecole de conduite : bien conduire pour être bien conduits », « Vous aimez la qualité, nous aussi »,…

A l’arrivée sur le campus, nous sommes accueillis chaleureusement par 2 autres personnes très sympathiques qui avaient aménagé l’appart et rempli les placards avec un peu de nourriture de base. Vraiment gentil de leur part et très agréable d’avoir quelque chose de frais à se mettre sous la dent sans ressortir si fatigués… Malgré une déco en provenance directe dans années 60 qui devrait s’atténuer avec une touche personnelle, le logement est tellement grand que parfois on a du mal à s’y retrouver : « T’es où ??? » En plus, c’est le grand luxe : eau chaude, clim’, gardien, cuisine équipée, piscine à 50m du logement,… D’ailleurs, je confirme que nous avons une chambre d’amis pour les éventuels visiteurs… (ceci est un message subliminal)

DSCN3304Le lendemain, nous avons notre 1er RDV avec le Recteur sur l’autre campus et serrons des tas de mains. Il faut retenir tous les noms et rôles de chacun, dur dur quand on rencontre les gens par dizaines. Ici, on ne rigole pas avec la hiérarchie et les titres. Alors, pour ne pas m’y perdre et éviter les boulettes, j’utilise un petit carnet où je note le plus important. Nous (re)découvrons que le milieu universitaire dans lequel nous allons évoluer sera un contexte bien particulier, sans doute très éloigné de l’idée que l’on peut se faire du volontariat avant le départ. Mais tant pis, ce sera notre expérience et elle sera certainement aussi intéressante. Par contre, dans ce milieu particulier, il y a des règles à respecter et, malheureusement pour moi, les piercings et tatoos ne sont pas les bienvenus ! Eh bien tant pis aussi, je m’adapterai.

Grâce à l’accompagnement de Paul qui nous emmène d’un bout à l’autre de la ville, notre découverte de Yaoundé se fait en accéléré avec les trucs et astuces pour fDSCN3308aire ses emplettes ou prendre le taxi par exemple. En tout cas, ma première impression du Cameroun est que l’on y retrouve le « bazar organisé africain » que j’avais déjà connu dans d’autres pays du continent. Un peu fatiguant mais on s’habitue… A Yaoundé, le mélange des ethnies colore joyeusement les rues, on trouve toute la palette de couleur de peau noire en quelques mètres… c’est chouette ! En plus, les gens me paraissent tous pour l’instant très sympas et être une femme n’a pas l’air d’être un handicap dans la société. Bonnes nouvelles donc pour les premières prises de contact, à suivre !

Et pour finir, un florilège de quelques paroles de nos différents interlocuteurs :

  • « En ce moment il fait froid »(parce que la température ne dépasse pas 30°c…)
  • « Gardez l’écoute » (en attendant que l’on me passe quelqu’un au tél)
  • « On est ensemble! » (nos nouveaux collègues)
  • « On trouve de la vigne dans tous les supermarchés » (en fait ça signifie le vin ici)
  • « Aller là-bas c’est plus mieux » (marche aussi avec « plus pire »)DSCN3307