Voilà, c’est fini

Le temps est venu d’écrire le point final de cette aventure. Un article un peu plus long que d’habitude, il y aurait tant à dire!

Tout d’abord, un petit point sur notre dernière escapade touristique dans le pays. Direction l’ouest avec ses prairies verdoyantes ponctuées d’un peu de forêt sous un climat plutôt « froid » (20°c le jour et environ 15°c la nuit quoi!!).

Paysages de Bangangté bis

Paysages de Bangangté

Paysages de Bangangté

Dans ces paysages magnifiques, nous avons pu nous ressourcer dans des hébergements paisibles gérés par des personnes accueillantes. Enfin!! Des endroits que j’aurais bien aimé connaître plus tôt… A côté de ça, nous avons également pu découvrir des lieux touristiques dignes d’intérêt : les lacs jumeaux des monts Manengouba, les chutes d’Ekom-Nkam et les alentours de Bangangté. Même les trajets en transport en commun n’ont pas été trop pénibles pour une fois (ou est-ce que je me suis habituée??).

Chutes d'Ekom-Nkam

Chutes d’Ekom-Nkam

Lac femelle

Lac femelle

Sur les rives du lac mâle

Sur les rives du lac mâle

En termes de bilan de cette année, quelques conclusions maintenant:

  • Professionnellement, comme vous l’aurez compris, ce volontariat n’a pas été une grande réussite pour moi. Quand j’ai postulé au VSI, je m’imaginais partir en brousse en train d’enseigner à des enfants ou à creuser des puits, certainement pas derrière un ordinateur dans une grosse ville à faire des tâches administratives pour une université pontificale!! Beaucoup d’ennui, de déception, l’impression d’être constamment dévalorisée, de faire tout sauf de la coopération, de nombreuses promesses non honorées, un cadre de travail tendu,… Heureusement, pour Benoît la mission aura été plus enrichissante et au moins je suis contente pour lui.
  • Socialement, ça a été assez difficile aussi car un peu creux. Nos tentatives d’amitiés camerounaises se sont plusieurs fois soldées par des déceptions, comme je l’ai déjà évoqué dans un précédent article. Par contre, nous avons noué des liens forts avec quelques collègues camerounais exceptionnels qui ont eu la patience et l’ouverture d’esprit d’échanger avec nous : notamment Cyrille, le chef maintenance toujours prêt à nous
    Avec Pauline et Léo en mode détente

    Avec Pauline et Léo en mode détente

    dépanner, et Valérie, prof de langues à la gentillesse sans limite. Et puis, il y a aussi tous ces occidentaux avec qui nous avons partagé des moments privilégiés et que nous n’aurions sans doute jamais rencontré en France : Merci de tout cœur à tous nos amis volontaires, Pauline et Léo, Kristian et Claudélen, Marie-Hélène et Raoul, Marie-France, Florence,…

  • Ma santé a vacillé plusieurs fois mais globalement je n’ai vraiment pas eu de chance à ce niveau, ce qui a rendu le séjour d’autant plus pénible. Plus que jamais, j’aurais bien compris qu’il faut toujours savourer ce que l’on a quand on l’a avant de le perdre, particulièrement dans ce domaine!!

Globalement, mais j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un avis personnel, le Cameroun m’est apparu comme un pays difficile. La vie est un combat de tous les jours pour les camerounais, mais nous au moins en tant qu’étrangers nous avons la liberté de rentrer quand on veut et surtout nous avons choisi d’être ici. Cela étant, j’aurais pleinement pris la mesure ici de ce que signifie la souffrance, quelle qu’elle soit, pour les autres et aussi pour moi.

Quelques phrases pêle-mêle qui selon moi représentent bien la vie dans ce pays : « Tous les gagnants ont tenté leur chance », « ça va un peu », « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? », « Le bruit et l’odeur », « Mais où sont les adultes? », « Ce n’est pas de ma faute! », « Tout à fait », « N’est-ce pas? », « Tu dis? »,… le reste on vous le racontera de vive voix 😉

En termes de phrases cultes, voici une sélection des meilleures/pires remarques que j’ai pu entendre pendant cette année camerounaise :

  • « Vous les européens, vous avez les € qui tombent tous les mois même si vous vivez au Cameroun »… c’est ça, et moi je suis Cendrillon aussi!
  • « A quoi ça sert de voyager en dehors de chez soi? »: question récurrente, qui vient souvent avec « Mais que faites-vous ici alors qu’il y a plus de confort chez vous? »
  • « En France, vous avez tous une piscine à la maison? »: euh…comment t’expliquer en fait…
  • « Le salaire moyen en France, c’est 2500€? »: no comment
  • « Tu es mariée? »: je réponds par l’affirmative en croyant avoir la paix, « Mais tu couches quand même? » ou « Il te faut aussi un camerounais par derrière »: Hein, sérieusement???
  • « Tu es vraiment française? » avec un air dubitatif, je réponds: « Oui mais il y a du métissage dans ma famille », en face « ? » notion mal comprise… Et pourtant, combien de fois m’a-t-on interpellée « la blanche! »
  • « Tu n’as rien pour moi? »

Et pour finir, sans sombrer dans la philosophie de trottoir, je dirais que c’est aussi dans l’échec que l’on apprend. Cette expérience m’aura permis de clarifier un peu plus mon projet de vie… et de mieux identifier ce que je ne veux pas/plus!! En tout cas, à l’heure où j’écris ces lignes, je suis heureuse de penser que bientôt nous retrouverons nos proches et notre pays.

Et puis sinon merci aussi à vous chers lecteurs, merci pour tous les messages amicaux qui ont fait du bien tout au long de cette année chaotique, merci à la famille qui nous a soutenu dans les moments difficiles et qui a résolu nos problèmes en France à distance.

Bye bye UCAC!!

Bye bye!!

Bienvenue au quartier

Je me rends compte qu’à quelques semaines du départ, je n’ai jamais pris la peine de décrire l’environnement immédiat dans lequel nous évoluons, ni de présenter Yaoundé. Alors voici donc quelques photos de rattrapage!

Chemin pour rentrer chez nous

Chemin pour rentrer chez nous

"Rue" devant l'entrée de l'UCAC

« Rue » devant l’entrée de l’UCAC

Qui veut un sandwich à la viande?

Qui veut un sandwich à la viande et aux mouches?

No comment!

No comment!

Florence, notre vendeuse de fruits et légumes au sourire inconditionnel

Florence, notre vendeuse préférée de fruits et légumes au sourire inconditionnel

Chez Jean-Pierre, la boutique qui dépanne

Chez Jean-Pierre, la boutique qui dépanne

Les gens du Nord

Voilà un moment que je n’ai pas écrit de billet sur ce blog. Je m’en excuse auprès de vous mes chers lecteurs mais ces dernières semaines ont été plutôt difficiles. Il y a d’abord eu un enchaînement malheureux de soucis de santé avec notamment 2 palus en moins de 3 semaines et la réalisation d’un de mes pires cauchemars : aller chez le dentiste en urgence dans un pays du sud! En même temps, professionnellement les choses ne s’améliorent pas vraiment et je n’ai pas l’impression que ma vie est suffisamment excitante pour écrire à son sujet…
Heureusement, la semaine dernière, nous avons fait un peu de tourisme! Cette fois-ci, direction le Nord du pays, ou plus précisément Ngaoundéré dans la région de l’Adamaoua.

Carte Cameroun

Ohlala, mais c’est classé orange par le Ministère des affaires étrangères français me direz-vous? Oui, mais ça ne veut pas dire qu’il est interdit d’y aller, juste qu’il faut être plus prudent. Mais nous avions une bonne raison d’y aller! Pierre-Marie et Emmanuelle, deux amis volontaires, effectuent leurs missions là-bas. L’occasion était trop belle d’allier visite amicale et découverte touristique!!

Dans le train

Dans le train

Se rendre à Ngaoundéré constitue une aventure en soi. Il faut en effet prendre le train de nuit sur lequel tout le monde dit tout et son contraire, mais qui n’est surtout pas réputé pour être très ponctuel… Pour voyager, le client a 4 possibilités : assis 2ème classe, assis 1ère classe, couchette cabine 4 places et couchette cabine 2 places. Accompagnés de notre amie Julie, nous avions innocemment imaginé pouvoir voyager tous les 3 ensemble dans une cabine de 4 qui serait complétée par un(e) inconnu(e). Eh bien non!! Hommes et femmes doivent être séparés, même s’ils sont mariés. Très curieux comme règle quand on connaît la légèreté des mœurs dans ce pays (tromper ouvertement sa femme: oui, mais dormir dans le même espace qu’une personne de l’autre sexe: non!). Bref, du coup Benoît et moi avons fini par prendre une cabine 2 places alors que Julie s’est retrouvée dans une cabine spéciale « Dames ». Et là, c’est le grand show (vu le prix en même temps…): hôtesse qui contrôle les billets pour monter à bord, hôtesse qui vient prendre la commande des repas, rouleau de papier toilette et savon individuel (là aussi distribué par une hôtesse), clim, lavabo dans la cabine,…
Et c’est parti pour l’aventure: 17 arrêts et au moins 13h plus tard, on arrive enfin à destination. A l’aller 2h de retard, au retour…5h!! Enfin, ça reste quand même beaucoup plus confortable que le bus.

Mont Ngaoundéré

Mont Ngaoundéré

Ce qui frappe très vite quand on arrive à Ngaoundéré, c’est la « fraîcheur » du climat. On respire enfin!! Et puis aussi, de grands sourires, le calme des gens, le nombre incalculable de mosquées dans la ville, au loin des paysages de savane et de jolies montagnes verdoyantes, l’omniprésence des tenues traditionnelles,… J’adore!!
Pendant notre séjour d’une semaine, nous avons pu découvrir un peu de la culture de cet autre Cameroun bien que l’on ait été obligé de limiter nos sorties pour des raisons de sécurité. Hélas, les grands parcs avec les animaux sauvages ne seront pas pour cette fois…

Chutes du Tello

Chutes du Tello

Au programme toutefois: visite des différents quartiers de la ville, excursion (quand même!) à l’est pour y voir le lac de cratère Mbalang, les chutes du Tello et le village traditionnel d’Idol préservé, beaucoup de repos AU CALME, des joggings sous le regard des petits curieux et surtout du bon temps passé en compagnie de nos amis. Pierre-Marie et Emmanuelle sont tous les deux médecins mais ont des missions très différentes. Emmanuelle exerce son métier dans un dispensaire et Pierre-Marie met ses compétences médicales au service du CODAS pour monter des projets, rechercher des fonds,… Malgré les difficultés, ils restent toujours positifs, quelle agréable compagnie!

Lamida

Lamida (équivalent d’une chefferie pour les musulmans)

Intérieur du lamida

Intérieur du lamida

En tout cas, cette semaine très sympathique nous a enchanté. Quelle claque à la descente du train à Yaoundé en revenant! La ville m’a parue encore plus agressive qu’à l’accoutumé. Non, vraiment je ne suis pas faite pour les grandes villes, quel que soit le pays!!

Doc Emmanuelle au travail

Doc Emmanuelle au travail

Et pour finir… BREAKING NEWS : notre date de retour définitif a été fixée au 1er août!!

Vocabulaire

Aujourd’hui un petit jeu. Ci-dessous, une liste de mots utilisés ici qui sont peu, voire pas du tout utilisés en France (en tout cas pas dans le sens qu’ils sont utilisés ici ;-)).

Cliquez sur les mots pour trouver la réponse visuelle plus bas. A vous de jouer et de compter votre score!

PIECES Indice: Sésame ouvre-toi!

FORMAT Indice : indispensable au bureau

LAPTOP Indice: facile pour qui a des notions d’anglais

GUERITE Indice: entrée

BABILLARD Indice: idem en québecois

CADRE Indice : vue

JETONS Indice : logique

JUS Indice: boisson

CULOTTE Indice: aussi un vêtement

 

Pièces

Pièces


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Format

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Laptop

Laptop


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Guérite

Guérite (une entrée surveillée en fait!)


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Babillard

Babillard (tableau d’affichage)


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Cadre

Cadre


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Jetons

Jetons


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Jus

Jus (eh oui, c’est du soda! Pour le jus au sens où nous l’entendons en France, il faut bien préciser « jus naturel »)


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Culotte

Culotte


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Nom d’un palu!

Comme volontaires, on le craint tous en partant, et puis on sait pertinemment que certains l’attraperont et que d’autres auront plus de chance. Une fois sur place, on prend les mesures de précautions d’usage et après il n’y a plus qu’à croiser les doigts de ne pas être dans la première catégorie. Et bien ce ne sera pas mon cas car je fais maintenant partie des chanceux qui auront fait un palu pendant leur séjour!

Le paludisme ou malaria est une maladie parasitaire mortelle très répandue dans les pays dits « du sud ». Diagnostiquée à temps, elle se soigne assez bien, mais encore faut-il avoir les moyens de se payer le traitement. Résultat: environ 1 million de victimes dans le monde par an. Les responsables de l’inoculation du parasite, ce sont certaines espèces de moustiques anophèles:

Moustique du genre anophèle

Moustique du genre anophèle, responsable de la transmission de la malaria

Pour ma part, l’histoire a été la suivante:

  • Inoculation probable de la maladie à Njombé pendant les vacances narrées dans mon précédent article
  • nuit d’enfer entre vendredi 1er et samedi 2 avril avec violents accès de fièvre
  • réveil difficile, j’ai anormalement froid, je mets ma polaire alors qu’il fait 28°c…. quelque chose ne va pas
  • direction médecin en urgence, ici il ne faut pas rigoler avec les fièvres (à juste titre je l’apprendrais vite)
  • le couperet tombe =>test palu positif
  • achat des médicaments sans m’empêcher de penser que j’ai de la chance d’avoir l’argent ET d’être inscrite à la sécu des expatriés
  • traitement de cheval pendant 3 jours avec au programme: coordination digne d’un enfant de 3 ans, nausées, soif intense, courbatures, fièvre, vertiges, perte d’appétit, sudation excessive, insomnies,…
  • fatigue intense les jours suivants, heureusement je suis en arrêt maladie
Mon traitement contre le palu

Mon traitement contre le palu (il manque 5 cachets consommés directement à la sortie de la pharmacie)

Ce qui est drôle dans l’histoire, c’est que malgré mon désamour de la nourriture cette diète forcée m’aura provoquée des envies pour le moins surprenantes comme par exemple des œufs à la mayo, pain/beurre/vache qui rit, LE soda américain (n’en jetez plus, je ne me reconnais plus là!)

A la conquête de l’ouest

Depuis que Boko Haram a élu domicile dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun, l’ouest est devenue LA destination touristique du pays. C’est donc dans cette direction que nous sommes partis pour nos dernières vacances en compagnie de notre amie Julie de Sangmélima.

Vacances Pâques

Des vacances, on en avait besoin : le boulot nous tape sur le système et on a été super échaudés par un intrus qui est venu voler le disque dur de Benoît directement dans l’appartement alors que j’étais dans la pièce d’à côté. Il faut quand même être sacrément gonflé !

Pour en revenir à notre périple, au Cameroun, il y a une chose que l’on apprend rapidement, c’est que le tourisme et les déplacements riment avec galères. Illustration avec notre déplacement vers notre1ère destination : Njombé, là où Héloïse, une autre camarade volontaire DCC, effectue sa mission.

Héloïse devant un tas de noix de palme

Un peu blasés par nos précédents voyages en direction de la capitale économique, cette fois-ci nous choisissons une compagnie de luxe de bus pour nous rendre à Douala. Et ô surprise, nous avons même droit à un service ponctuel (au moins au départ), mais aussi à une hôtesse qui sert sandwichs et boissons à bord (sans le sourire, faut pas pousser non plus!). Malheureusement, il en fut autrement pour rejoindre Njombé : tous les trois 1h au bord d’une route poussiéreuse et dangereuse à la tombée de la nuit à héler les véhicules dans un quartier douteux, finalement un super 4X4 conduit par le PDG d’une grosse boîte finit par s’arrêter par pitié et/ou pour se faire mousser auprès d’occidentaux. Nous n’en connaîtrons sans doute jamais réellement la raison, mais ce généreux geste nous aura permis d’arriver à bon port gratuitement et en toute sécurité.

BananeraieFinalement, nous passons 3 jours fort agréables en compagnie d’Héloïse qui est logée en plein cœur d’une des plus grandes plantations de bananes du Cameroun, la plantation du Haut Pendja :5000 hectares tout de même !! Si vous mangez des bananes camerounaises en France, il y a de fortes chances qu’elles proviennent de là. Notre amie est directrice adjointe de l’hôpital de brousse créé à l’origine pour offrir des soins aux 6000 employés de la plantation et habite de fait avec les autres expats dans un cadre très confortable. Encore une occasion de découvrir que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Au-delà de passer du bon temps ensemble, nous mettons également notre séjour à profit pour visiter les environs et découvrir les splendides paysages alentours.

Paysage typique de l'ouestNous prenons ensuite la direction de Bamenda dans la région du Nord-ouest, anglophone. Le Cameroun a cette particularité d’avoir 2 langues officielles : le français et l’anglais, chacune parlée dans des régions correspondant plus ou moins aux anciens découpages coloniaux entre les anglais et les français. Une occasion de pratiquer un peu d’anglais donc ? Que nenni ! Il s’agit presque de pratiquer une nouvelle langue tellement l’accent est prononcé et le vocabulaire différent.

Cultures en terrasse sur fond de montagnesEn dehors de ces considérations linguistiques, le Nord-ouest diffère du reste du pays (du moins de ce que nous en connaissons) par ses reliefs plus acérés, sa végétation luxuriante et ses cultures en terrasse. Ça change et ça fait du bien. Au bout de 6 mois, nous pouvons enfin affirmer avec fierté avoir pratiqué de la vraie randonnée ! Je vous épargne toutefois les détails concernant l’organisation compliquée de ce genre d’activités dans un pays où culturellement on ne comprend pas l’intérêt de marcher… et où de toute façon il est compliqué d’organiser quoique ce soit… C’est curieux, s’il y a bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas en partant, c’est bien de fantasmer autant sur les GR et les cartes IGN une fois sur place 😉

Rando en compagnie de quelques fans

En tout cas, ce périple nous aura permis de changer un peu d’air, à défaut d’avoir été reposant. Vivement les prochaines vacances !

I’m singing in the rain

Depuis 4 mois nous l’attendions, oserais-je dire avec impatience? La pluie est revenue!

Finies les odeurs fétides provenant des caniveaux gonflés de déchets en tout genre

Finie la poussière qui irrite la peau et les muqueuses à nous rendre malades

Finie la chaleur de plomb qui transforme en loque et empêche de trouver le repos

Finie la végétation agonisante au soleil et assoiffée

Enfin un espoir que les fêtes en plein air de l’autre côté de la colline soient forcées de s’arrêter pour cause climatique

Le retour des fruits et légumes à profusion

L’odeur si particulière des gouttes d’eau sur le sol

La brise du soir qui apaise la chaleur de la journée

La vie qui reprend son cours après avoir retenu son souffle…

Et j’entends siffler le train…

Comme je l’ai déjà expliqué dans un précédent article, ici la règle de conduite sur la route c’est… pas de règles!! Priorité officieuse est donnée au véhicule le plus gros ou celui qui klaxonne le plus fort et qui a le pied le plus enfoncé sur l’accélérateur. Dans ce cas, pas la peine d’expliquer pourquoi le piéton est constamment en danger quand il n’y a pas de trottoirs. Facile aussi de comprendre comment avec des triples-files – voire quadruples-files – et personne qui ne veut reculer, la circulation prend vite des airs de Tétris géant.

Taxi!

Taxi!

A Yaoundé, les transports en commun (au sens européen du terme) sont quasiment absents, faute de rentabilité, et ce sont les taxis collectifs (terme désignant les transports en commun pour les camerounais) qui prennent le relais. Le principe? On lève le doigt pour indiquer son besoin de taxi à n’importe quel véhicule qui passe ou c’est le véhicule lui-même qui, par un coup de klaxon, signale sa disponibilité. Ensuite, on annonce le nombre de places si on est à plusieurs, sa destination et on propose un prix si le trajet ne correspond pas à un tarif « normal » (250F). Ça donne par exemple : « 2 places Mokolo 600F ». Le chauffeur s’arrête et klaxonne ou fait signe de la main : il a accepté. S’il continue sa route : le prix ne lui convient pas ou ce n’est pas son trajet (ou il ne veut pas prendre des blancs…). Au début, c’est un peu compliqué car il faut bien connaître le « nom » des arrêts et les distances pour évaluer le prix; et puis finalement on s’habitue. En plus, les camerounais donnent souvent un coup de main. Mais l’aventure ne fait que commencer! Car les voitures sont rarement en bon état… souvent dépouillées de tout, parfois émettant des bruits suspicieux, le confort est en tout cas toujours sommaire! Et parce qu’en Afrique on rentabilise tout, un taxi accueille jusqu’à 6 personnes… Ben oui, 4 à l’arrière et 2 à l’avant sur le siège passager 😉

Où?

Où?

Après, il y a aussi les motos-taxis, bien moins chères mais super dangereuses! Il n’est pas rare de voir des motos débouler en contre-sens sur les grands axes et faire des zigzags entre les voitures (toujours en contre-sens évidemment). Là aussi, on optimise le nombre de passagers. Il nous est arrivé de devoir utiliser ce moyen transport faute d’autre possibilité avec chacun un bagage. 2 personnes et 2 gros sacs? Pas de Motoproblème, tout sur la moto! Sur la route qui passe devant l’entrée du campus, où les voitures s’aventurent rarement, je vois régulièrement passer des motos avec 4, 5 ou 6 enfants se rendant à l’école : 2 ou 3 entre le conducteur et le guidon, et 2 voire 3 derrière le conducteur… Bah, ils sont tout petits, ils ne prennent pas de place…

Et pour les transports inter-urbains, le principe d’archi-bourrage des sièges reste le même, sauf que là il faut supporter pendant plusieurs heures et dans des véhicules souvent du 4ème âge! Par contre, il existe bien des pseudo-gares routières d’où partent les bus, plus ou moins gros, plus ou moins en bon état. Et bien sûr, on ne part pas tant que le « bus » n’est pas plein… L’astuce pour éviter l’attente trop longue, c’est de monter dans un véhicule qui est quasiment plein. Mais comme tout le monde adopte la même stratégie, le petit jeu peut durer trèèèèèèèès longtemps dans une gare routière où plusieurs compagnies se font concurrence.

Gare routière

Gare routière

Je crois ne jamais avoir autant regretté la SNCF… Enfin au Cameroun il y a quand même le train! Oui bon, c’est seulement 2 lignes avec 2 trains par jour, voire par semaine, avec des retards à la pelle, mais ça évite les dangers de la route.

Attente en gare

Attente en gare

Pour conclure, pour les transports comme pour le reste en Afrique, il faut savoir être patient!

En attendant le bus...

En attendant le bus…

Escapade au vert

Bien que mes tâches se diversifient et relèvent un peu plus du concret, je ne peux que me rendre à l’évidence au bout de 6 mois que ma mission ne relève ni du développement, ni de la coopération et que pour couronner le tout je n’en tire pas grand chose professionnellement. Enfin, j’imagine que ce sont des choses qui arrivent et, passé le stade de la frustration, il me faut désormais essayer de tirer profit de cette expérience africaine tant attendue depuis des années… Alors, j’essaye de mettre le paquet sur les activités, les relations humaines et la découverte du pays!

Côté santé, j’ai pu testé pendant le mois de janvier la philosophie de la médecine camerounaise… dont je me serais passée! Très mal en point au niveau digestif, je me suis décidée à consulter l’infirmier de l’UCAC au cas où ce serait grave car ici on ne peut pas se contenter de dire « Ça va passer ». Soupçon de typhoïde, il m’envoie faire une batterie de tests qui révèlent finalement une simple invasion de levures pas super sympas dans le ventre. Et là arrive le traitement! On nous avaient prévenus, ici ils y vont à coup de bazooka. Quelques levures impliquent un traitement de cheval d’anti-fongiques de 2 sortes différentes à des doses très fortes pendant un temps assez long (3 semaines). Si j’avais vraiment voulu, j’aurais même pu assortir ça avec la vitamine C , le paracétamol et le spasfon que l’infirmier me demandait de prendre mais j’ai estimé que ce n’était pas indispensable à ma guérison… Quelques oranges et du riz ont fait l’affaire. Et tant mieux parce que, bien que le traitement ait l’air d’avoir fonctionné, après la prise des médicaments je me sentais généralement encore plus mal qu’à l’accoutumée…

Le site d'Ebogo

Le site d’Ebogo

Bref, côté découverte, la semaine dernière, nous avons enfin trouvé un havre de paix pas très loin de Yaoundé (1h30 de transport et très peu d’attente) en direction du sud, près de la ville de Mbalmayo. Site « écotouristique », Ebogo est avant tout un endroit où seuls les bruits de la nature font loi, ce que personnellement je considère comme du silence… Il n’y a pas grand chose à faire, à part regarder les oiseaux, faire un petit tour de pirogue et apprécier le paysage, mais franchement c’était parfait pour se ressourcer.

Jean-Jacques et sa pirogue

Jean-Jacques et sa pirogue

Nous avons également fait la connaissance de Jean-Jacques, un guide très sympathique qui a bien compris tout l’enjeu de la préservation de l’environnement pour le développement touristique. Et des rencontres comme ça, ça fait non seulement du bien au moral, mais ça insuffle une vague d’espoir pour l’avenir du Cameroun!!

Le gros arbre

Le gros arbre

Bords du Nyong

Bords du Nyong

Nouvelles découvertes

La semaine dernière, nous avons profité d’un déplacement professionnel à Douala pour nous accorder une escapade sur la côte côté anglophone pour le week-end.

Attente en garePour l’occasion, nous avons opté pour le train, un moyen de transport bien moins dangereux et plus confortable que la majorité des tacots qui circulent sur la route entre Yaoundé et Douala. Jeudi, à peine arrivés à la gare, on nous apprend que le train aura 2h30 de retard, ça commence bien! Bon, au moins les gares ferroviaires ont le mérite d’avoir des vraies salles d’attente et d’être entretenues. On finit par partir péniblement au son du grincement des wagons dans un brouhaha indescriptible venant de voyageurs sur-excités. Les transports, quels qu’ils soient, sont toujours une vraie aventure ici…

Douala, nous n’y étions passé qu’une seule fois en transit, et à Yaoundé, on nous l’avait présentée comme la ville de tous les vices et du danger, on ne savait pas trop à quoi s’attendre donc… Capitale économique du pays, à Douala, il y a surtout de l’argent et ça se sent. Les gens se pressent, crient, bousculent, on s’organise, on ne perd pas de temps! Mais il fait chaud, bien plus chaud qu’à Yaoundé. Guillaume, un autre volontaire DCC en fin de mission à l’UCAC-ICAM (Institut Arts et Métiers de l’UCAC), nous accueille gentiment dans cette ville tentaculaire et nous passons une fin de journée agréable en sa compagnie. Finalement, on se rend compte que Douala n’est pas si terrible que ça.

Plage de Limbé

Plage de Limbé

Le lendemain, impératifs professionnels accomplis grâce à un Guillaume qui nous oriente sans faille dans la ville, pas question de traîner pendant 3 jours dans cette jungle urbaine : nous prenons la direction de Limbé sur la côte . Serrée comme une sardine dans le taxi partagé qui nous y emmène, je prends quand même le temps de me délecter des paysages qui changent très vite dès la sortie de Douala en essayant d’oublier qu’une seule de mes fesses repose sur le siège. On voit défiler diverses plantations, puis d’un seul coup on plonge sur Limbé avec ses paysages sauvages et… ses raffineries de pétrole!! Au final, après quelques galères, nous finissons par nous poser dans un hébergement à quelques kilomètres de la ville mais qui a le mérite d’être au calme avec une plage propre.  Quelques jours de répit qui ont encore fait du bien en nous éloignant du quotidien.

Au loin, les montagnes

Au loin, les montagnes

En rentrant à Yaoundé, je me surprends à être presque soulagée de retrouver la nonchalance des gens (comparativement à Douala). Comme quoi tout est relatif…