Vacances j’oublie tout

Tout d’abord, je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2016 pleine de joie et de bonheur!!

Retour sur la fin de l’année 2015… Quand on a l’habitude des pays tempérés, difficile de se rendre compte que la période des fêtes arrive sous les tropiques. A part quelques palmiers lumineux et une anarchie totale dans Yaoundé, il a vraiment fallu regarder le calendrier plusieurs fois avant d’en être convaincus… A l’UCAC, le Noël des enfants qui a précédé de quelques heures notre départ en vacances fut un moment rafraichissant et bien rigolo après quelques semaines moralement un peu compliquées. Ici d’ailleurs, Noël est quasiment exclusivement une fête réservée aux enfants et les adultes ne s’offrent pas de cadeaux. Pourquoi pas…

Après une nuit dans le bus pas très agréable la veille du réveillon, notre périple à l’ouest a pu commencer chez Lucie à Foumban, une autre volontaire DCC avec qui nous avons fait notre stage de préparation au départ l’été dernier.

Paysage de Foumban

Paysage de Foumban

L’ouest dépayse vraiment par ses paysages de savane et la prédominance de la religion musulmane quand on vit comme Julie (à Sangmélima) et nous dans la « forêt ». Et puis en saison sèche, la poussière, la poussière et encore la poussière… Notre séjour de 4 jours à Foumban nous a en tout cas bien plu et nous avons pu nous imprégner de l’endroit grâce à Lucie et ses amis. Islam oblige, Noël n’est pas vraiment célébré et tant mieux pour ceux qui n’apprécient pas vraiment cette fête (comme moi…). Pour autant, nous avons marqué le coup en nous concoctant un petit repas sympa mais très simple. Ce séjour a aussi été l’occasion de découvrir la mission de Lucie qui travaille dans un centre de formation pour agriculteurs, très sympa mais aussi très challenge! Sa chance, c’est qu’au moins le concret ne manque pas à l’appel. Par contre, les conditions sont plus spartiates que ce que l’on connaît. Visiter ses amis c’est aussi l’occasion de se rendre compte des réalités de chacun.

Joyeux Noël!

Joyeux Noël!

Au bout de quelques jours, Pierre-Marie et Emmanuelle, eux aussi volontaires DCC basés à Ngaoundéré dans le Nord, nous rejoignent après un long périple. Comme c’est bon de se retrouver ses camarades de « promotion » une fois sur le terrain! Pendant toutes les vacances, les anecdotes vont bon train sur nos vies camerounaises!!

Chez Lucie

Chez Lucie

Une fois touts les 6, nous sommes descendus vers Dschang, où les paysages nous ont encore offert de belles surprises. Nous y avons même logé dans une chefferie, une vieille tradition de la région de l’ouest qui veut que chaque village ait un chef pour le gouverner. Ce système a résisté à la mise en place des différentes pouvoirs après la décolonisation, du coup les deux systèmes cohabitent et s’approuvent. Assez curieux il faut l’avouer…

Chutes de Mamy Wata

Chutes de Mamy Wata

A Dschang, nous avons malgré nous expérimenté la dure loi d’être un touriste particulier, c’est-à-dire un occidental qui vit au Cameroun, veut visiter mais a peu de moyens. Et là le bas blesse! Comme le tourisme est peu et mal développé dans le pays, une excursion à bas coût peut vite tourner à la galère, voire priver de certaines attractions. Notre constat : tout est encore à faire pour attirer et bien recevoir les touristes, quels que soient leurs moyens. En tout cas, nous avons tout de même pu rejoindre avec peine notre destination finale : Kribi où nous avons fêté la St Sylvestre, profité de la plage, fait de jolies balades, pu nous reposer et savourer le bonheur d’être ensemble dans ces bons moments.

Kribi

Kribi

3 mois déjà… 3 mois seulement!

La phase d’adaptation est maintenant loin derrière nous et pour ma part je stagne en mode blasé. Quelques news en vrac:

*Il commence à faire très très chaud! Le ciel n’est plus couvert comme pendant la saison des pluies et ça tape dur. La poussière irrite la peau et rentre dans les poumons. La piscine est d’autant plus salvatrice pour se rafraîchir…

Piscine à 50m de l'appart!

Piscine à 50m de l’appart!

*Le boulot ne décolle toujours pas et j’ai perdu espoir à ce niveau. Du coup, comme Benoît a besoin d’un coup de main, j’ai été en partie basculée sur le service com.

Au bureau

Au bureau

*Les événements récents à Paris, Bamako et ailleurs font beaucoup réfléchir… D’abord, car j’y pense plus. N’oublions pas que Boko Haram traîne près d’ici, que nous vivons et travaillons dans un institut catholique ET que nous sommes français. Ça craint! Et puis aussi, parce que l’on est loin de ceux que l’on aime et que je n’aimerais pas que l’au revoir d’août dernier ait été le dernier… Quelle impuissance! Même si la vie doit continuer, sachez que je pense fort à vous tous!

*Julie, notre camarade volontaire de Sangmélima, est venue à Yaoundé le temps d’un week-end. Ça fait du bien de partager ses expériences, d’échanger ses joies et ses peines respectives!

*Les troubles sonores s’intensifient en cette période préparatoire à Noël. Une action devrait être menée par l’université auprès des autorités mais on attend de voir…

*Des déceptions amicales. On croit avoir fait copain-copain avec des camerounais et puis d’un seul coup, on se rend compte que la relation est intéressée. Par exemple, la semaine dernière j’ai reçu de 3 personnes différentes des sollicitations financières 3 jours d’affilée. On commence à comprendre un peu plus la culture du pays et comment fonctionnent les gens. Force est de constater qu’il est difficile d’avoir une relation sincère avec des locaux sans être perçus comme des tirelires… Le choc culturel quand on s’expatrie dans un pays provient majoritairement des relations humaines. Notre perception des gens, leur vision de nous, comment on se comporte les uns avec les autres,… et ce n’est pas tous les jours facile de comprendre ses propres limites, de jauger ce qui est de l’ordre culturel et de l'(in)acceptable,…

*Spéciale dédicace à mes collègues de France. Les ballerines que j’ai achetées grâce à votre cadeau de départ me permettent d’arpenter toutes les collines de Yaoundé sans problème. Solides, durables et confortables, c’est sans doute un des seuls éléments de ma garde-robe qui tiendra le coup jusqu’au bout! Alors, encore merci merci merci 🙂

LES ballerines recouvertes de la traditionnelle poussière de la saison sèche

LES ballerines recouvertes de la traditionnelle poussière de la saison sèche

*Plus léger. Voici le dernier chef-d’œuvre de la poésie camerounaise:

*Encore plus léger. On attend avec impatience le 19 décembre, jour de la sortie mondiale de l’épisode VII de Star Wars. On a de la chance, on va pouvoir voir le film ce jour-là au centre culturel français, ce qui n’est pas le cas de nos camarades à la campagne  car les derniers cinémas du pays ont fermé leurs portes il y a quelques années.
http://1.bp.blogspot.com/-A6dIsjk6uPg/T6DAXmJ0ngI/AAAAAAAAEuI/U0jMsBfeIvQ/s1600/2Yoda(3).jpg
Que la force soit avec vous!

La mer qu’on voit danser…

En ce temps où les actus françaises sont plutôt moroses, je vous propose une petit carte postale de la station balnéaire la plus populaire du Cameroun : Kribi.

Décor de rêve

Décor de rêve

Pour les 35 ans de Benoît (déjà?), nous nous sommes accordés une escapade sur la côte. Il y a encore 10 ans, Kribi était un petit village tranquille de bord de mer avec des pêcheurs qui partaient en mer dans un décor idyllique. Mais voilà, son emplacement idéal (2h de route de Douala), ses plages de sable blanc, ses cocotiers et la gentillesse des locaux en ont fait LA destination n°1 des expats malades du goudron de la ville. Aujourd’hui, le bord de mer se remplit à vitesse TGV de villas de luxe, de restos et de vendeurs de babioles. Bon, on est loin, très loin même, de l’ambiance Phuket mais on sent bien qu’il faut en profiter maintenant avant que tout ne soit saccagé. Nous avons eu beaucoup de chance donc, déjà pour avoir le privilège de profiter de lieu avant qu’il ne soit complètement perverti par le tourisme de masse, et aussi parce que la saison touristique n’est pas vraiment commencée faute de saison sèche vraiment commencée!

Seule sur le sable, les yeux dans l'eau...

Seule sur le sable, les yeux dans l’eau…

En dehors de ses plages, Kribi est aussi bien connue pour un site touristique quais-unique au monde : les chutes de la Lobé. Il s’agit en fait d’une rivière qui se déverse dans la mer par une cascade, impressionnant!!

Chutes de la Lobé

Chutes de la Lobé

Un week-end donc qui fait du bien, même si les conditions de transport gâchent le plaisir comme à l’accoutumée. Dur dur de sentir à l’aise après une attente interminable en gare routière, à 5 au lieu de 4 par banquette, avec la musique à fond et un chauffeur qui prend des risques inouïs pour doubler sur la route la plus dangereuse du Cameroun. Malheureusement, le sous-développement se mesure aussi à ça… Et vive le train!

Pannes

Bel arbre tropical

Bel arbre tropical

Le titre de ce billet résume bien les derniers jours que nous avons passé depuis le dernier article. Durant ces deux semaines, nous avons accumulé les petites mésaventures : plus d’eau, plus d’électricité, plus d’internet ou un accès seulement partiel, la clef qui casse dans la serrure de l’appart, un WC moribond qui inonde la salle de bains,… En gros, quand un truc est réparé, un autre pète. Il faut dire que le campus sur lequel nous vivons a bientôt 20 ans et que les infrastructures commencent à fatiguer… Enfin, on apprend à composer au jour le jour comme le font la plupart des locaux, habitués aux aléas du quotidien et on attend que quelqu’un règle le problème… quand ce sera le moment… Pour rebondir sur la newsletter d’un camarade volontaire au Tchad qui se reconnaîtra, ici la notion d’anticipation ou de planification ne fait pas non plus partie du vocabulaire. Le futur est un temps que l’on utilise avec précaution et les notions restent vagues. « Tout de suite » en fait signifie « Dans la journée, voire demain », « Bientôt » là il faut s’attendre à patienter au moins une bonne semaine, « Un jour » bah là on croise les doigts pour que ce soit fait!! Pas facile donc dans ce contexte d’expliquer qu’il faut anticiper les demandes de subventions (moi) si on veut que les travaux soient réalisés dans l’année ou respecter un calendrier (Benoît) pour préparer une manifestation correctement…

On en arrive maintenant à ma plus grosse panne de ces derniers jours : le moral! Mon entrain est en effet en perte de vitesse, en grande partie à cause du cadre de travail mais je ne suis pas censée rentrée dans les détails sur ce blog. Alors disons juste que j’ai du mal à trouver du sens à ce que je fais au quotidien…

Gorille ado

Gorille ado

Mais quand même, il y a de bonnes nouvelles! J’ai enfin trouvé un cours de danse africaine avec de bons profs camerounais, le pays nous plaît toujours autant pendant notre temps libre (!) et nous avons fait des rencontres d’horizons variés très intéressantes. Côté visites, nous en avons fait une très belle au sanctuaire des singes de Méfou à environ une heure de route au sud de Yaoundé. Là-bas, une ONG britannique a pris l’initiative de recueillir des singes victimes du braconnage pour les soigner et à terme les relâcher en pleine nature. Pour récolter un peu d’argent, le sanctuaire est ouvert au public désireux d’approcher les primates en question. Malgré les grands grillages électrifiés, nous avons donc pu voir des chimpanzés, gorilles, mandrills et cercocèbes mener leur vie tranquille de singes avec un programme palpitant d’observation de papillons, d’épouillage de congénères et de jeux dans les arbres. Petite montée d’adrénaline tout de même, pendant notre visite, en plein milieu de la forêt, notre guide  reçoit un coup de fil d’un de ses collègues qui lui indique que des gorilles ont réussi à s’échapper de leur enclos et qu’ils s’approchent de nous. OK, les gorilles sont végétariens et placides (en théorie), mais ils restent des animaux sauvages doués d’une force monstrueuse et disons que…euh… il ne faut pas trop les chercher… J’avoue que je n’en menais pas large à attendre sous notre abri de fortune en plein dans la brousse! Mais comme vous l’aurez deviné puisque je vous écris, comme dans les contes : « Tout est bien qui finit bien »!

Mandrill

Mandrill

Et pour finir dans l’ambiance, le dernier tube camerounais qui tourne en boucle ici et qui fait polémique (interdit de diffusion dans une province de l’ouest). Il faut comprendre le titre au premier degré, amis poètes s’abstenir!

A manger!

Vendeuse de bananes plantains

Vendeuse de bananes plantains

Le Cameroun côté fruits et légumes, eh bien c’est tout simplement le paradis! Je peux enfin renouer avec ma passion pour les fruits tropicaux: papayes, ananas, mangues, bananes, agrumes,.. Et comme le pays offre une grande variété de climats, quasiment tout pousse. Il est même possible d’acheter des pommes ou du raisin (importés) au cas où on aurait une petite nostalgie 🙂 Et le goût… ici le soleil fait très bien son travail, un délice! Chaque semaine, nous arpentons les marchés avec nos cabas pour faire le plein de bonheur et, avec l’enthousiasme, je me retrouve vite avec plusieurs kilos à transporter. Oui, mais en Afrique il n’y a pas de petits métiers! Des gamins accostent tous les passants dans les ruelles du marché en proposant de les accompagner avec une brouette contre quelques pièces ou de grands sacs bien solides qui supporteront les provisions. Pratique quand on a une grande famille à nourrir! En plus, ce qui est très agréable à Yaoundé, c’est que les vendeurs n’essayent pas trop d’arnaquer les « blancs », voire les prix sont affichés, surtout dans les petits marchés de quartier. En revanche, bottes obligatoires avec la fameuse boue rouge! Ah oui mais moi je n’avais pas vraiment prévu ça… du coup je reviens toute crottée des courses à chaque fois! Sinon, nous essayons un produit nouveau dans la mesure où quelqu’un nous l’a identifié, ce qui donne souvent de bonnes surprises, mais aussi des fois des nausées…

Étal de fruits et légumes

Étal de fruits et légumes

Des camerounais ont essayé de nous expliquer comment reconnaître les produits bio du reste… En l’absence de labels, c’est un peu compliqué et franchement on n’a pas tout compris! Ce que j’ai retenu, c’est que les petites papayes sont forcément pleines de pesticides et que les pastèques doivent avoir la peau fine pour être bios. Après, en gros ça ne se voit pas de l’extérieur et il faut avoir l’habitude. Peut-être qu’après plusieurs mois, nous serons aussi doués que les locaux mais en attendant on s’en tient à ce qui a l’air de s’approcher le plus de l’agriculture familiale.

Stand de poisson séché, kaolin et accessoires divers de cuisine... ne cherchez pas la logique, il n'y en a pas!

Stand de poisson séché, kaolin et accessoires divers de cuisine… ne cherchez pas la logique, il n’y en a pas!

Pour le reste, en bon français, nous sommes contents que l’histoire ait laissé la tradition du pain, que les camerounais savent très bien confectionner. Enfin, des fois il ne faut pas être trop regardant sur l’hygiène : insectes divers dans les vitrines et vieux morceaux de cahiers pour emballer sont monnaie courante par exemple… Par contre, côté pâtisserie, il vaut mieux éviter en cas de diabète ou de cholestérol car ici on aime l’huile et le sucre! Il y a toujours un petit vendeur au coin de la rue qui propose des beignets pas chers mais bien (trop) gras… Et enfin, pour compléter les courses, on se rend dans les supermarchés ou dans des supérettes de quartier. Bien sûr, les produits ne sont pas les mêmes qu’en France, mais l’idée de vivre à l’étranger c’est bien de s’adapter à la culture locale non? Bon, tout de même, j’avoue qu’un peu de fromage et de tofu seraient les bienvenus…

Vendeuse de "condiments"

Vendeuse de « condiments »

Imprévus…etc…

S’immerger dans la culture camerounaise, c’est aussi s’adapter aux imprévus de toutes natures. Par exemple, être convié à une réunion au moment où elle commence, ce que vit Benoît régulièrement. Ou encore vendredi dernier, à la veille du week-end, ma collègue C.A. qui nous a invités à participer à un deuil dans sa famille. Un peu surprise par cette invitation, il ne me faut pas longtemps pour comprendre que C.A. souhaite juste que l’on soit témoins des traditions d’ici. Confiante, je me laisse guidée et nous voilà partis samedi sur les routes de campagne pour nous rendre au village et participer à un enterrement.

Abri servant de présentoir pour le corps du défunt

Abri servant de présentoir pour le corps du défunt

Avec les bouchons, nous arrivons avec du retard au pire moment… quand le corps est enterré. Le public pleure la défunte, les proches hurlent et crient désespérément, ça fend le cœur, et là s’entonnent tout à coup les chants de la chorale venue spécialement pour l’occasion. Des chants magnifiques, comme toujours… On peut photographier, on peut enregistrer, c’est presque encouragé. Ah bon?

Chants funéraires

Buffet de la collation

Buffet de la collation

Nous assistons donc à la fin de la cérémonie puis participons à la collation de rigueur dans tout événement. En tant qu’étrangers, encore une fois on nous fait honneur en nous laissant aller nous servir dans les premiers. Puis, toujours par rapport à un statut qui nous est attribué visiblement en fonction de notre nationalité et/ou de notre couleur de peau, un plateau rempli de victuailles nous est généreusement offert comme cadeau à ramener à la maison.

Notre plateau "cadeau" à gauche composé de bananes plantain frites (en haut), bananes plantains bouillies (au milieu à droite), bâtons de manioc (en bas à gauche) et ignames (en bas à droite)

Notre plateau « cadeau » à gauche composé de bananes plantain frites (en haut), bananes plantains bouillies (au milieu à droite), bâtons de manioc (en bas à gauche) et ignames (en bas à droite)

Pendant que se terminent les derniers rituels, je ne peux m’empêcher de penser que chez nous cette situation serait complétement déplacée. Imaginez des collègues étrangers d’un de vos invités totalement inconnus au bataillon qui débarquent dans votre famille au cours d’un deuil en retard et qui prennent des photos?? Définitivement non! Mais nous avons fait confiance à C.A. et à défaut d’avoir passé un moment joyeux, celui-ci fut enrichissant.

Des enfants du village qui font une pause/pose pendant leur tâche de désherbage

Des enfants du village qui font une pause/pose pendant leur tâche de désherbage

Cet imprévu est tombé à point nommé après une semaine longue et assez difficile moralement parlant. Il faut reconnaître que l’accumulation de micro-événements désagréables rend facilement le quotidien pénible en situation de déracinement quand on sait que l’on est partis pour un moment en statique (contrairement aux voyages itinérants où il est toujours possible de fuir) : soucis de santé, lenteur des procédures, coupures d’eau répétées à l’appart’, départ précipité du Cameroun d’un couple de camarades volontaires (Mathilde et Yenzo, que je vous avais présentés dans un précédent article),… On apprend à mieux connaître ses limites de tolérance et ce dont on a réellement besoin pour surmonter la fatigue intellectuelle. Pour ma part, assurément, le sport me sauve! Cela étant, il est aussi parfois difficile d’écrire à un écran froid d’ordinateur, alors n’hésitez pas à donner des nouvelles, même succinctes 😉 Merci.

Avec le temps…

Alors que la saison des pluies s’estompe peu à peu, les choses avancent plus ou moins vite. Nous faisons des rencontres intéressantes et diversifiées, j’y vois un petit peu plus clair dans ma mission, la guerre à la souris continue, nous connaissons mieux la ville, mon système ORL fait des siennes, nous participons enfin à des événements culturels,…

Nuit blanche à l'Institut culturel français

Nuit blanche à l’Institut culturel français avec Edouard et Alex

Malgré tout, s’installer dans une routine peut représenter un défi pour le volontaire. Trouver le bon équilibre entre envie de changer le monde, émerveillement et prise de recul nécessaire n’est pas évident dans un quotidien. D’autant plus que l’habitude modifie obligatoirement notre perception des choses car nous avons, nous êtres humains, une faculté d’adaptation au milieu bien supérieure à ce que l’on imagine (comme tous les êtres vivants d’ailleurs). Me voilà donc souvent, le regard dans le vide, à réfléchir à ce qui se passe ici et à me poser des tas de questions qui ne trouveront sans doute jamais de réponse !

Bref, en tout cas, ça y est ! La rentrée est bel et bien commencée ! Tout le personnel de l’université est revenu et les étudiants ont pris place sur les campus. Je dois avouer qu’être entourée par tous ces cerveaux jeunes et bouillonnants de savoir a un côté stimulant. Certains d’entre vous se demanderont sûrement ce que l’on vient faire en volontariat dans ce type de contexte. Pour tout avouer, nous aussi au début… Mais en fait, quand on mesure l’importance de l’éducation dans les pays du Sud, on comprend tout de suite mieux l’enjeu du développement de l’enseignement supérieur. Donc acte. En tout cas, j’ai vécu la semaine dernière un moment tout africain… à l’arrach’ ! On m’a en effet demandé au dernier moment de me présenter devant un amphi rempli d’étudiants au cours d’un moment solennel de rentrée… Gloups ! Enfin, au moins maintenant ils savent tous qui je suis et pourquoi je suis là, je croise donc moins de regards interrogatifs quand je déambule sur le campus.

Sangmélima

Centre-ville de Sangmélima

Le week-end dernier, nous avons été rendre visite à Julie, une autre volontaire basée à Sangmélima à quelques 170 kms au sud de Yaoundé. Julie travaille comme comptable dans un collège/lycée privé.

Collège Notre-Dame, où Julie travaille

Collège Notre-Dame, où Julie travaille

En plus des très bons moments passés en compagnie de notre amie, le week-end fut aussi l’occasion de découvrir une petite ville provinciale fort agréable et reposante. L’ethnie principale est bouloue, que je qualifierais d’ethnie « peace and love ». Super sympas, les locaux nous ont paru vraiment cools et pas pénibles pour un sou. Par contre, apparemment leur côté un peu trop « love » a favorisé la propagation du VIH… Sachant déjà que près de la moitié de la population camerounaise a moins de 20 ans, on comprend vite pourquoi Sangmélima regorge d’établissements scolaires.

Julie au boulot dans son bureau

Julie au boulot dans son bureau

Hassan coupe les cabosses pour extraire les fèves de cacao avant de les faire sécher

Hassan, le veilleur de nuit de Julie, coupe les cabosses pour extraire les fèves de cacao avant de les faire sécher

Bilan du 1er mois

Alors que je savoure mes dernières bouchées de pâté de soja arrivé de France dans mes valises avec une pointe de tristesse, j’en profite pour faire un petit bilan à chaud des premières semaines passées au Cameroun…

Du faux-Nutella en pot de 5kgs, miam!

Du faux-Nutella en pot de 5kgs, miam!

Ce que j’aime : le côté chaleureux, franc et accueillant des yaoundéens, les marchés et leurs joyeux bric-à-bracs, la perfection du climat ni trop chaud ni trop froid, le système de débrouille qui fait que rien n’est impossible, bénéficier des jours fériés chrétiens ET musulmans, les formats familiaux.

Ce que je n’aime pas : l’omniprésence du bruit, l’impossibilité de circuler à vélo, l’absence de cinéma, le manque de possibilités sympas pour courir, les visites nocturnes de Minnie la souris dans la cuisine qui laisse quelques souvenirs fécaux derrière elle.

Ce à quoi il va falloir que je fasse plus d’efforts pour m’habituer : le côté hiérarchique et protocolaire du boulot, mettre 3 fois plus de temps pour cicatriser, avoir les chaussures pleines de terre ou de boue rouge à chaque sortie, les déchets non triés et brulés au coin des rues, que l’on m’appelle « blanche » (ce n’est pas vrai en plus, je suis quarteronne!)

Ce qui me manque : mon vélo (!), mes proches, les produits végétariens, bio & écolos, le train.

Ce qui ne me manque pas : le gris amiénois, la pluie picarde et les lamentations des français!

Lézard bicolore

Lézard bicolore

Week-end à Pouma

Le week-end dernier, nous nous sommes rendus à Pouma chez Mathilde et Yenzo, des amis volontaires avec qui nous avons fait notre stage de préparation au départ. Au-delà du fait que c’était très agréable de les revoir et de passer du temps en leur compagnie, ça a été aussi une occasion de nous rendre à la campagne, « au village » comme on dit ici…

Pouma se situe à mi-chemin entre Yaoundé et Douala (capitale économique du Cameroun), sur l’axe lourd du pays qui se trouve également être la route la plus dangereuse d’Afrique. Vu le trafic, ce n’est pas étonnant. Sur cette route, circulent de nombreux poids lourds transportant des marchandises depuis le port de Douala vers une grande partie du pays ou des pays voisins enclavés comme la Centrafrique, des « grumiers » (camions transportant 3 à 5 arbres issus de l’agroforesterie ou de la déforestation!), des transports de passagers et un nombre non négligeable de voitures particulières.

Yenzo, Mathilde et Raphaël

Yenzo, Mathilde et Raphaël

Après une bonne douche sous des pluies tropicales pour nous rendre au point de départ des bus, nous avons attendu pas moins d’1h30 avant que le bus ne parte, c’est-à-dire qu’il soit archi-plein de monde et de marchandises. Résultat, nous sommes arrivés très tard et complétement épuisés à Pouma. Très gentiment, Mathilde et Yenzo nous attendaient patiemment dans leur château avec Raphaël, un autre volontaire venu pour le week-end d’Edéa. Notre couple d’amis ont pour mission de gérer un hôpital de brousse qui s’adresse aux plus démunis. La tâche est dure, c’est eux qui tirent les Hôpital Poumacordes financières de l’établissement et du personnel. Dans leur logement, l’approvisionnement en eau et en électricité n’est pas garanti, ce que nous avons pu expérimenter pendant notre séjour. D’un autre côté, les paysages offrent des vues à couper le souffle et le cadre sonore dans lequel ils évoluent est très différent du nôtre. La nuit, au lieu du brouhaha des voitures et de la musique des bars, ce sont tous les animaux de la brousse qui offrent un concert… mais c’est un bruit bien plus reposant!

Pendant ce week-end, nous avons eu la chance d’assister à une messe qui célébrait la fin du noviciat de 4 sœurs de la communauté franciscaine du village. Alors que je ne me rends à la messe en France que pour les grands événements comme les mariages, ce fut un grand plaisir de participer à celle-ci: 3h de chants, de danse, de musique, de joie! Puis on passe à table. Pour mon 1er buffet camerounais, on m’explique que tout doit suivre un protocole bien précis : déco super kitsch avec des noeunoeuds partout, des tas de gars qui font aussi bien office d’agents d’accueil que de placeurs aux table, un grand buffet avec le salé et le sucré à disposition en même temps,… Les tables se lèvent une par une pour aller se servir et les gens partent dès qu’ils ont fini de manger. Du coup, c’est plutôt rapide et ça me va, moi qui ne supporte pas de passer du temps à table.

Une petite balade dans la brousse plus tard, nous retrouvons Yaoundé et notre appart’ tout confort. A chacun son volontariat!

Paysage de brousse

Oui, oui, attention aux 3.5 Tonnes!

 

Premiers jours au boulot

Notre vraie première semaine de travail s’est bien passée même si pour ma part il reste pas mal d’inconnues sur les missions. Enfin, ici la notion du temps est bien différente de notre perception européenne et il faut apprendre à attendre. J’ai quand même compris que je vais être un genre de ce que l’on appelerait en France « chargée de projets » avec de gros dossiers à mener, mais en même temps j’ai des fonctions d’assistante du Recteur pour ses recherches entre autres documentaires. En gros, je vais beaucoup travailler sur ordi depuis mon bureau et en réunion, pas franchement un changement radical par rapport à ma vie professionnelle en France! Pour Benoît, c’est plus simple, il prend la suite d’une autre volontaire en tant que chargé de communication de l’institut catholique de Yaoundé (ICY qui fait partie de l’université)

Petit point géographique maintenant. L’ICY, pour lequel nous travaillons tous les deux, se décompose en 2 campus: Nkolbisson (3 facs) et Ekounou (1 fac). Nous logeons à Ekounou, proche du centre-ville: 25 mns à pied ou 250 FCFA (soit 2.5 FF ou 0,37€) en taxi collectif (mais pas beaucoup plus rapide avec les bouchons!). Alors que le pauvre Benoît doit se farcir quasiment 2h de transport/jour pour aller et revenir de son bureau à Nkolbisson, mon poste est sur le campus d’Ekounou, à 5 mns de marche de l’appart’ en prenant son temps. En plus, comme nous avons la piscine en face du logement pour faire du sport, il y a des jours où je ne sors même pas du campus. Mais ce n’est pas le but, on est bien d’accord…

Carte Yaoundé

Les collègues sont dans l’ensemble bien sympas et nous aident dans nos premiers pas pour comprendre le fonctionnement des choses. Les horaires aussi sont plutôt cools: 8h-17h avec une bonne pause au milieu. Je n’ai pas encore bien saisi quand les collègues prenaient leur pause, ni d’ailleurs s’ils en prenaient vraiment une, mais perso je la fais version française.

Ici on se lève tôt pour profiter de la lumière du jour. Comme le Cameroun se situe près de l’équateur, il fait jour à 6h et nuit à 18h… logique!! Du coup, on se couche tôt. De toute façon, on est complètement crevés pour l’instant. La reprise? L’adaptation? Le climat? Le bruit? Bah, ça devrait passer rapidement.

Campus d'Ekounou en septembre